viernes, 17 de julio de 2015

La Corruption dans la gauche brésilienne





Une enquête ouverte pour trafic d’influence contre l’ex-président brésilien Lula

Le Monde.fr |
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Luiz Inacio Lula da Silva, ancien président du Brésil, le 22 juin. 
 
Le scandale de corruption Petrobras qui agite depuis des mois le Brésil a pris, jeudi 16 juillet, une nouvelle tournure. Au moment même où l’on apprenait qu’un des délateurs de l’affaire accusait l’influent président de la Chambre des députés Eduardo Cunha, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, pilier de la coalition au pouvoir), d’avoir exigé 5 millions de dollars (4,5 millions d’euros) de pots-de-vin, le parquet fédéral ouvrait une enquête contre Luiz Inacio Lula da Silva pour trafic d’influence.

L’ancien chef d’Etat (2003-2010) est accusé d’avoir intercédé auprès de dirigeants étrangers en faveur du géant brésilien du BTP Odebrecht. La plus importante société de construction-ingénierie d’Amérique latine, qui s’est vue confier les grands chantiers des Jeux olympiques de Rio 2016, est emportée dans la tourmente de l’affaire Petrobras depuis l’arrestation en juin de son président Marcelo Odebrecht. Selon le parquet, le conglomérat a piloté un cartel d’entreprises du bâtiment accusées de s’être entendues sur des prix et d’avoir surfacturé des travaux effectués pour la compagnie pétrolière nationale.

Des voyages en question

Cité depuis des semaines par les médias brésiliens pour sa relation privilégiée avec la famille Odebrecht, l’ex-président Lula est aujourd’hui dans la ligne de mire des enquêteurs pour avoir effectué un voyage en janvier 2013 à Cuba, en République dominicaine et aux Etats-Unis en compagnie d’Alexandrino Alencar, ex-directeur des relations institutionnelles d’Odebrecht. Le vol, pris en charge par l’entreprise, avait été étrangement enregistré avec la mention : « Passager principal : vol totalement secret. » Alexandrino Alencar a été arrêté en même temps que Marcelo Odebrecht.

L’enquête a été ouverte le 8 juillet, après une démarche préliminaire sur les activités de Lula, qui pour le moment ne sera pas appelé à témoigner, a souligné le ministère public. Il précise toutefois que les projets entrepris lors du voyage à Cuba auraient été financés grâce à un prêt consenti par la BNDES, la banque publique de développement. Cette institution dont les ressources rivalisent avec celles de la Banque mondiale possède 17,24 % du capital de Petrobras.

Lorsque la procureure Mirella de Carvalho Aguiar, chargée d’enquêter sur l’ex-président, avait sollicité, en mai, des informations à Odebrecht, la BNDES, l’Institut Lula et au ministère des affaires étrangères pour l’ouverture d’une enquête, le géant du BTP avait défendu l’action de l’ancien chef d’Etat en affirmant qu’il s’agissait d’un moyen de « montrer le potentiel des entreprises brésiliennes ».

Lula se dit « tranquille »

Par la voix de son Institut, situé à Sao Paulo, Lula a affirmé qu’il avait reçu avec « surprise » la décision du parquet fédéral. Il a ajouté qu’il allait expliquer et détailler ses voyages. Son porte-parole a affirmé, de son côté, « être tranquille ». Il s’est toutefois étonné de la « rapidité » avec laquelle la décision judiciaire a été prise : « Nous avons fourni toutes les informations demandées à la procureure le week-end dernier et nous trouvons étrange qu’en si peu de temps elle ait déjà analysé tout le matériel. » Dans une note publiée tard dans la soirée, l’Institut Lula ajoutait qu’il était clair que l’ex-président était « la cible d’un ensemble de manipulations destinées à créer une gêne et entacher, sous de faux prétextes, l’image du plus grand leader populaire du pays ».

Déjà en 2013, la Folha de S.Paulo avait révélé que la moitié des voyages de Lula après son départ de la présidence avaient été financés par les trois grandes entreprises de construction brésiliennes : Odebrecht, Camargo Corrêa et OAS. L’ex-président aurait permis, selon des câbles diplomatiques publiés par le quotidien pauliste, de vaincre certaines résistances rencontrées par ces entreprises, notamment au Mozambique. Plusieurs hauts dirigeants des trois groupes sont poursuivis depuis la fin 2014 pour leur implication présumée dans le scandale Petrobras.
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/07/16/une-enquete-ouverte-pour-trafic-d-influence-contre-l-ex-president-bresilien-lula_4686219_3222.html#5MOLBRBi0shOpd3L.99