La comète Tchouri sur une photo prise par la sonde Rosetta le 20 juillet. ESA/Rosetta/Navcam
Depuis le 9 juillet, Philae n’a plus donné signe de vie. L’atterrissage acrobatique du petit robot, largué en novembre 2014 par la sonde Rosetta, de l’Agence spatiale européenne (ESA), sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko – Tchouri de son petit nom –, à un demi-milliard de kilomètres de la Terre et après un voyage dans l’espace de plus de dix ans, avait tenu la Terre en haleine. Mais Philae ne répond plus. Son mutisme s’explique-t-il par un changement d’orientation provoqué par le dégazage du noyau cométaire, qui rendrait ses émetteurs ou ses panneaux solaires inopérants ?
Les plus de 300 chercheurs européens engagés dans ce programme, dont plusieurs équipes françaises du CNRS et du Centre national d’études spatiales (CNES), n’ont pas perdu espoir de rétablir le contact. En attendant, les résultats scientifiques tombent comme une pluie de météorites.
Pour preuve, les sept publications réunies dans la revue Science, qui consacre, vendredi 31 juillet, un numéro spécial aux premières données engrangées par Philae. Celles que le robot-laboratoire, bardé de dix instruments (caméras, foreuse, sondeur radar, spectromètre, magnétomètre, analyseur de gaz et autres détecteurs), a collectées pendant soixante-trois heures sur Tchouri, entre le 12 et le 14 novembre 2014, avant d’entrer en hibernation durant sept mois.
« Ce qui est fantastique, c’est que pour la première fois dans l’histoire de l’étude des comètes, nous avons accès à la vérité du terrain. Tout ce que nous savions jusqu’ici venait d’observations lointaines ou de survols par des sondes », s’enthousiasme Nicolas Altobelli, responsable de la mission Rosetta à l’ESA. « Ce que nous apprenons sur cette comète est très éloigné de ce que nous imaginions. C’est à cela que l’on reconnaît les découvertes importantes », renchérit Jean-Pierre Bibring, professeur à l’université Paris-Sud et responsable scientifique de Philae.
Contrastes sur toute la surface
HANDOUT / REUTERS/ESA
De fait, les images et les mesures réalisées par l’atterrisseur renouvellent la vision des comètes, petits corps célestes faits de gaz gelés et de poussières, un peu vite qualifiés de « boules de neige sales ». Les tribulations de Philae, qui, après avoir touché la surface de Tchouri, a rebondi par deux fois avant de se poser environ un kilomètre plus loin, sont elles-mêmes riches d’enseignements. Sur le premier site d’impact, baptisé Agilkia, le terrain est meuble, couvert de matériaux granuleux sur une vingtaine de centimètres d’épaisseur. Au point de chute final, Abydos, le sol glacé est beaucoup plus dur.
Ces contrastes se vérifient sur toute la surface de l’astre aux reliefs tourmentés, faits de creux et de bosses, avec des fractures qui, déjà mises en évidence par Rosetta aux grandes échelles, sont également apparentes à l’échelle millimétrique. A l’inverse, sa structure interne se révèle, du moins pour le lobe supérieur sondé par des ondes électromagnétiques, poreuse mais très homogène.
« Ce type de mesure n’a jamais été réalisé auparavant, explique Nicolas Altobelli. Cela va permettre de mieux comprendre les processus d’accrétion des grains de poussières primordiaux formant les premiers petits corps du Système solaire, dont certains ont pu évoluer jusqu’au stade de planète, tandis que d’autres, les comètes, sont restés à un stade primitif préservant quasi intact un état intermédiaire du processus de formation planétaire. »
Mais Tchouri réservait une plus grande surprise encore. Il apparaît que son noyau est un concentré de molécules organiques. Dans le nuage de poussières soulevé par le premier contact de Philae avec le sol ont été trouvées seize de ces molécules, dont quatre (isocyanate de méthyle, acétone, propionaldéhyde et acétamide) n’avaient jamais été détectées sur une comète. Or, il s’agit de précurseurs de composés plus complexes (sucres, acides aminés, bases de l’ADN…) qui constituent les briques élémentaires du vivant.
Les comètes, en quasi-permanence congelées et donc dépourvues d’eau liquide, n’abritent évidemment aucune vie. Mais cette découverte conforte l’hypothèse que de la matière organique venue des comètes ait ensemencé les océans terrestres lors de bombardements de notre planète par ces astres. Un – gros – bémol toutefois : l’éventuelle présence de composés organiques complexes sur Tchouri n’a pu être confirmée par les premières analyses.
Ce qui est sûr, souligne Jean-Pierre Bibring, c’est que « le noyau cométaire est très riche en composés carbonés, qui ne se présentent pas sous la forme de petites molécules piégées dans la glace, comme on le pensait jusqu’à présent, mais de grains suffisamment gros pour résister à un voyage dans l’espace ». Et donc pour avoir pu féconder les océans terrestres. « Le système solaire, ajoute Nicolas Altobelli, est une machine à fabriquer et transporter de la matière organique, et les premiers résultats de Philae nous donnent un aperçu des processus chimiques précurseurs de l’apparition de la vie. »
Philae se réveillera-t-il pour en dire plus sur Tchouri, ce témoin des premiers âges du Système solaire, voilà 4,5 milliards d’années ? Ses communications – s’il est en état d’en avoir – avec la sonde Rosetta, qui lui sert de relais, vont être rendues plus difficiles, la comète approchant de son périhélie, le point de son orbite elliptique le plus proche du Soleil, qu’elle atteindra le 13 août. Sous l’effet de la chaleur croissante, l’activité cométaire, c’est-à-dire la sublimation de ses glaces dans un nuage de gaz et de poussières, va aller elle aussi crescendo, obligeant à placer la sonde sur une orbite suffisamment distante – près de 200 kilomètres – de la comète.
Avec ou sans Philae, Rosetta n’a de toute façon pas fini de moissonner des données. Elle va continuer à escorter Tchouri dans sa course lointaine, scrutant le petit astre dont l’hémisphère Sud, jusqu’alors dans l’ombre, va se trouver exposé en pleine lumière. Peut-être saura-t-on, en observant l’érosion provoquée par le dégazage, si la curieuse forme bicéphale de la comète, parfois comparée à un canard, est le résultat de l’agglomération de deux noyaux ou celui d’une perte de matière cométaire. D’ores et déjà, les scientifiques européens ont décidé de prolonger la mission de Rosetta. Alors qu’elle devait s’achever fin 2015, elle se poursuivra très probablement jusqu’à l’automne 2016.
La Turquie a bombardé l’Etat islamique en Syrie pour la première fois
Le Monde.fr
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Trois chasseurs F-16 de l’armée de l’air turque ont bombardé,
vendredi 24 juillet au matin, plusieurs objectifs tenus par l’Etat
islamique (EI) en territoire syrien, ont annoncé les services d’Ahmet
Davutoglu, le premier ministre de la Turquie. Ces frappes ont été menées
peu avant 4 heures (3 heures en France), au lendemain d’un accrochage
entre l’armée et les djihadistes qui a coûté la vie à un sous-officier
turc.
Les avions turcs ont frappé « deux quartiers généraux et un point de ralliement »
des combattants de l’EI avec des missiles avant de regagner leur base
de Diyarbakir (Sud-Est), précise le communiqué publié par les services
de M. Davutoglu. Selon l’agence de presse Dogan, les cibles étaient
localisées autour du village de Havar, face à la province turque de
Kilis (Sud). « La République de Turquie est déterminée à prendre toutes les précautions pour défendre la sécurité nationale »,
est-il assuré dans le communiqué, qui précise que ces frappes avaient
été décidées lors d’une réunion de sécurité qui s’est tenue jeudi soir
autour du chef du gouvernement.
En parallèle, la police turque a
lancé vendredi à l’aube une vaste opération antiterroriste contre des
militants présumés de l’EI et des rebelles du Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK). Les forces de l’ordre ont interpellé et placé en garde à
vue 251 personnes, a annoncé le gouvernement. Ce coup de filet, qui
continuait à mobiliser quelque 5 000 policiers et des hélicoptères dans
la seule ville d’Istanbul, a été mené dans 13 provinces du pays, ont
ajouté les services du premier ministre, Ahmet Davutoglu, dans une
déclaration.
Grave combat armé
Quelques
heures plus tôt avait eu lieu le plus grave combat armé entre les
forces de sécurité turques et l’EI depuis que le mouvement radical a
pris le contrôle de larges parties du territoire syrien, il y a un an :
un poste avancé de l’armée turque a été la cible de tirs venus du côté syrien
de la frontière, dans la région de Kilis. Un sous-officier turc a été
tué, et deux autres militaires ont été blessés. Des chars turcs ont
bombardé en retour des positions de l’EI.
Lundi, un attentat-suicide attribué par les autorités turques
à l’EI a tué 32 personnes et en a blessé une centaine dans un centre
culturel kurde de Suruç, près de la frontière. Il s’agirait de la
première attaque terroriste de l’EI sur le territoire turc.
Jeudi, Ankara avait déjà accepté de laisser des avions de l’armée
américaine utiliser plusieurs de ses bases aériennes dont celle
d’Incirlik, proche de la frontière syrienne, pour mener des
bombardements contre l’EI, affirment plusieurs responsables américains
sous couvert d’anonymat. « L’accès aux bases turques, comme la base aérienne d’Incirlik, augmentera l’efficacité opérationnelle de la coalition » militaire
qui combat l’EI, a notamment déclaré un officiel à l’Agence
France-Presse. Cette base est située à 200 kilomètres de la frontière
syrienne, dans la région d’Adana.
Cette autorisation, demandée
depuis plusieurs mois par Washington, a été donnée après un entretien
téléphonique entre le président des Etats-Unis, Barack Obama, et son
homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. L’utilisation d’Incirlik, promise
pour des avions avec et sans pilote, fait partie d’un accord aux
contours plus larges entre les deux pays, qui vise à approfondir leurs
relations dans la lutte contre l’EI.
La Turquie avait limité son engagement
Le
bombardement effectué par les F-16 et l’accueil des avions américains
marquent un tournant dans la politique d’Ankara vis-à-vis de l’EI. La
Turquie, membre de l’OTAN, a jusqu’ici limité son engagement au minimum
dans la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre le
groupe djihadiste depuis le début des bombardements, en septembre,
provoquant la colère de son allié américain. Elle s’opposait également
depuis septembre à ce que les avions américains puissent utiliser sa
base d’Incirlik.
Ankara a, à plusieurs reprises, critiqué la
stratégie d’attaque du seul EI par la coalition, privilégiant de son
côté la lutte contre le régime de Bachar Al-Assad. Elle est accusée
d’avoir longtemps laissé les djihadistes de l’EI traverser son
territoire en toute liberté et d’avoir cherché à les armer au début de
2014.
Cataluña nunca fue esa provincia encerrada en sí misma que los
nacionalistas quieren construir. Si algo ha admirado de ella el mundo
hispano es su espíritu cosmopolita y su apertura. Ahora, su gran
esfuerzo es borrar al otro
Hace un par de meses, me desplacé de Barcelona a Madrid para la
presentación del poeta peruano Carlos Germán Belli. Lo hice por
admiración pero también por solidaridad, porque pensé que un poeta
extranjero y difícil no iba a ser precisamente un éxito de público. Cada
asistente era importante. Por suerte, me equivoqué.
Al acto, celebrado en la Casa de América, asistieron cerca de 150
personas. Sobre Belli flota el rumor del premio Cervantes, de modo que
había representantes de las instituciones culturales como la Real
Academia o el propio Instituto Cervantes. Pero también asistieron otros
escritores peruanos y latinoamericanos, que encontraron un punto de
encuentro. Y público en general con interés por el Perú o la poesía.
Mario Vargas Llosa recitó un texto de Belli. José Manuel Caballero
Bonald trazó un mapa de las relaciones entre su poesía y la del
homenajeado. Apenas lo conocía personalmente, pero se sentía unido a él
por una lengua y una tradición literaria común.
Para mí, fue emocionante. Y a la vez, triste. Porque comprendí que, en Cataluña, una fiesta así sería imposible.
Sí. Este año se organizó en Barcelona un bello homenaje a Gabriel
García Márquez. Pero cualquier escritor que no tenga un Nobel, esté
muerto, y sobre todo, haya residido en Cataluña, tiene pocas
posibilidades. La lengua española no recibe apoyo del Estado, y el mundo
cultural tiene la cabeza en su propia historia. Hay una Casa de América
catalana que hace lo que puede, pero sus recursos son mínimos. Es muy
gráfico que esta Casa ni siquiera tenga un local individual: está en un
entresuelo. Y durante años, ni siquiera pudo tener un cartel visible
desde la calle (tampoco es muy visible el que tienen ahora, la verdad).
Pero en el acto del poeta Belli descubrí algo mucho más alarmante:
los latinoamericanos de mi medio —escritores, editores, periodistas—
están abandonando Barcelona. He pasado tiempo creyendo que se marchaban
de España por la crisis. Pero ahí me encontré con que muchos de ellos se
han trasladado a la capital. En cambio, ya ninguno hace la ruta
contraria, la que yo mismo hice, la que antes era normal.
Ante los que se consideran más europeos que otros europeos ¿Qué podemos esperar los americanos?
Ninguno de estos amigos y conocidos se ha marchado por ser
anticatalán o antinacionalista. Ninguno diría que la política ha tenido
algo que ver con su decisión, Simplemente, han encontrado trabajo allá.
Pero precisamente eso es la consecuencia de lo que está pasando en la
política catalana: hoy, si escribes en español, tu vida está en otra
parte.
Cuando comento estas cosas en Cataluña, los más nacionalistas me
responden que eso ocurre porque Madrid es la capital: hay más dinero,
más movimiento, más todo. Pero ese argumento ignora su propia historia.
Para los escritores en lengua española, Barcelona siempre fue mucho más
importante que cualquier capital. Como recuerda Xavi Ayén en su
monumental Aquellos años del boom, el gran momento de la
literatura latinoamericana se forjó en Cataluña. Lejos de Franco y cerca
de Francia, esta ciudad se convirtió en la puerta del español hacia
Europa. Y cuando yo llegué aquí hace diez años, aún lo era. Los
intelectuales que hoy abandonan Barcelona prueban precisamente que antes
estaban aquí. Madrid nunca había podido llevárselos. Hoy Barcelona se
los regala, renunciando con convicción a su propio lugar de privilegio.
El crítico y editor Andreu Jaume advirtió en estas mismas páginas el
19 de junio que la capitalidad editorial de Barcelona “peligra ahora por
una desidia política que ya está empezando a propiciar una diáspora
cultural”. Yo añadiría a la desidia, ceguera. Porque esta ruptura
responde al conflicto de algunos políticos catalanes con España, pero el
español no es la lengua de España: es la lengua de quinientos millones
de personas y la segunda más hablada en el mundo. La española ni
siquiera es la mayor comunidad de hablantes de ella, tampoco la más
importante. Si los hispanos de Estados Unidos fuesen un país, formarían
parte del G20. En este gigantesco universo, lleno de energía creativa,
Barcelona siempre fue la Nueva York. Hoy está empeñada en convertirse en
la Letonia.
Me temo que no se trata de un error, o de un daño colateral, sino de
un acto voluntario y deliberado. Como todo nacionalismo, el catalán se
basa en el convencimiento de su propia superioridad respecto de quienes
lo rodean. El nacionalista catalán cree que los suyos son más
eficientes, modernos y cultos que un andaluz o un gallego, y resume
todas esas cualidades en el concepto “más europeo”. En general, muchos
europeos están convencidos de ser mejores que los demás y ya no reparan
en el tufillo xenófobo de considerar su origen como una cualidad. A eso
me he acostumbrado. Pero ante gente que se considera más europea que
otros europeos ¿Qué podemos esperar los americanos? Todo lo que un
nacionalista catalán desprecia de España es lo que nosotros
representamos.
Ahora bien, independientemente de cuestiones de sensibilidad: ¿De
verdad es viable desdeñar a toda esta gente? ¿A todos esos países? El
español es la segunda lengua de Estados Unidos. Es una puerta a Japón y
China a través del relaciones entre los países del Pacífico. El impacto
cultural de este fenómeno no se limita a los libros, sino a todos los
ámbitos de la comunicación. Un país hispano, México, alberga la segunda
feria editorial más grande del mundo en Guadalajara. El español es la
segunda lengua en Twitter. La ficción latinoamericana se emite en
pantallas de televisión de Croacia, Rusia o Australia ¿Es posible
menospreciar a todo el planeta?
Madrid nunca había podido llevarse a esos intelectuales. Hoy Barcelona se los regala.
La respuesta es no. Lo que sí es posible es que quedarse solo. En la
medida en que Cataluña defiende su identidad como diferente de la de
todos los demás, pierde referentes para hacerse oír en el mundo. Hay una
fiesta allá afuera. Y los que vivimos aquí nos la estamos perdiendo.
Cataluña nunca fue esa provincia encerrada en sí misma que los
nacionalistas quieren construir. Si algo ha admirado de ella el mundo
hispano es su espíritu cosmopolita y su apertura. Durante décadas, su
bilingüismo perfecto ha sido la señal de una sociedad culta, orgullosa
de sí misma y dialogante a la vez. La protección del catalán en la
educación fue un ejemplo para las lenguas autóctonas americanas, antes
de convertirse en todo lo contrario: un esfuerzo por borrar al otro.
La paradoja es desoladora: basados en un elevado concepto de su
propio cosmopolitismo, los nacionalistas están construyendo una sociedad
más provinciana. Por enormes que sean sus banderas en plazas y
estadios. Por fuerte que griten en catalán e inglés. Por muchas
embajadas que quieran abrir. Su único proyecto cultural es precipitar a
Cataluña orgullosamente hacia la irrelevancia.
Santiago Roncagliolo (Lima, 1975) es escritor.
Link original: http://elpais.com/elpais/2015/07/08/opinion/1436372508_577976.html
Il y a 3500 ans en Crète, une invention provoque l’exode d’une civilisation
Des
palais détruits, puis reconstruits, puis à nouveau détruits. Des
habitations abandonnées par dizaines. Qu'est-il donc arrivé aux Minoens,
brillante civilisation crétoise il y a plus de trois mille ans ? Une
étude lève un coin du voile.
Pendant longtemps, l'histoire était simple. Précédant la Grèce
antique, une merveilleuse et impressionnante civilisation crétoise
établie aux III-IIe millénaires av. J.-C., celle des Minoens,
aurait été balayée par une éruption terrifiante : celle du Santorin,
supervolcan dont l'effondrement a envoyé un tsunami meurtrier dans l'est
de la Méditerranée. Mais avec l'affinement progressif des datations, il
a fallu se rendre à l'évidence : cela n'avait rien à voir.
Le volcan a
explosé au moins soixante-dix ans après la toute première destruction
des palais minoens, survenue vers 1700 av. J.-C. Reconstruits
entre-temps, les palais sont cette fois définitivement détruits autour
de 1450 ans av. J.-C. Seule exception, le plus gros d'entre eux, celui
de Cnossos sur la côte nord de l'île, qui se maintient encore
quatre-vingt ans. Puis il tombe à son tour.
Pour retracer cette mystérieuse histoire, impossible de se passer de
l'archéologie. Car les Minoens ont beau avoir laissé des inscriptions,
celles qui datent d'avant la destruction des palais sont rédigées dans
une langue à ce jour toujours inconnue. Pas de trace non plus
d'éventuels souverains dans les splendides fresques et décorations de
cette époque.
L'archéologie, elle, est plus bavarde. Surtout depuis la découverte
de nombreux sites dans les campagnes aux alentours des palais. Ces
travaux mettent en évidence de curieuses évolutions du peuplement dans
l'île. Excepté de rares cas, le nombre de sites occupés par les Minoens a
tendance à diminuer, voire à franchement chuter au moment de
l'émergence des seconds palais.
La plupart du temps, les spécialistes du monde minoen ont fait de ces
phénomènes une lecture essentiellement politique. Ces changements
traduiraient, par exemple, des luttes entre palais concurrents, qui
aurait fini par tourner à l'avantage de l'un d'eux, Cnossos, réussissant
alors à exercer sa domination sur une grande partie de la Crète.
Mais une équipe d'archéologues de l'École française d'Athènes dirigée
par Sylvie Müller Celka, du CNRS, a fait une découverte intrigante.
Elle a constaté que le phénomène d'abandon des sites était
particulièrement marqué dans la région de Malia, sur la côte nord-est de
la Crète. Elle a montré qu'entre la période des premiers palais (ceux
détruits vers 1700 ans av. J.-C. ) et celle des seconds (ceux détruits
avant 1450 av. J.-C.), les Minoens n'ont abandonné définitivement que
des sites bien particuliers : presque tous ceux qu'ils occupaient sur
les pentes de la montagne qui domine Malia.
Pour comprendre cet abandon, les chercheurs ont examiné en détail la
géographie des lieux et la nature des terres qui s'y trouvent. Ils ont
mis en évidence trois grandes zones. En bas, ce sont les plaines de la
côte, chaudes et plutôt sèches, habitées tout au long de la période
minoenne. Le rendement des terres, sans apport important d'eau, y est
faible. Tout en haut se trouve la zone d'altitude quasi-inhabitée, où la
culture des oliviers et de la vigne est difficile, voire impossible
(au-delà de 900 mètres).
Entre les deux se placent les pentes de la montagne (entre 300 et 900
mètres d'altitude). C'est principalement cette zone que les Minoens ont
quittée à la période des seconds palais. Ces pentes sont beaucoup plus
arrosées que la plaine, et recouvertes en haut par des forêts. Les
recherches de l'équipe montrent que les populations y occupaient alors
des sites plutôt petits par rapport à ceux de la plaine. Elles y
élevaient des chèvres et des moutons, cultivaient de la vigne, des
arbres fruitiers, un peu de céréales et produisaient du miel. Dans ces
pentes en proie à l'érosion, elles exploitaient de petites parcelles
proches de leurs maisons. Elles captaient sans doute l'eau des sources
ou des torrents avec des canalisations en terre cuite, dont les
archéologues ont trouvé de nombreux fragments.
Mais alors, pourquoi cette soudaine ruée vers la plaine ? Pourquoi
quitter un milieu dont ils savaient tirer parti, pour des terres sèches
et a priori peu accueillantes ? Peut-être, proposent les
chercheurs, parce que les Minoens avaient trouvé la clé pour accéder aux
énormes réserves en eau du sous-sol crétois. Ils auraient découvert ou
importé de l'étranger le moyen de pomper la nappe phréatique. Et par là,
celui d'irriguer massivement les plaines de la côte. Donc d'améliorer
considérablement le rendement des terres basses, pour y cultiver
oliviers, vignes et légumineuses (la famille des fèves, pois, etc.).
Autrement dit, ce serait peut-être une innovation agricole aurait lancé
le signal de cet exode vers la plaine.
Mais cette hypothèse est-elle plausible ? Peut-être, car c'est
justement au début de la période des seconds palais que les Minoens
semblent avoir développé un intérêt pour tout ce qui touche à
l'hydraulique. Ces dernières années, des archéologues ont découvert des
barrages placés sur des torrents de montagne, datant de cette époque.
Ils se trouvent dans l'est de la Crète, dans la vallée de Choiromandres
et sur l'îlot de Pseira. Ces dispositifs semblent clairement avoir pour
but l'irrigation, répandant leur trop-plein dans des terrasses
agricoles situées juste à côté des barrages.
En outre, c'est à peu près à la même époque que les Minoens
commencent à creuser des puits, et donc à atteindre la nappe phréatique.
Les systèmes qu'ils utilisaient pour amener l'eau à la surface ne nous
sont pas parvenus. Étaient-ils suffisamment efficaces pour alimenter un
dispositif d'irrigation en plaine ? C'est possible, car au moins un
système rudimentaire pour pomper l'eau du sous-sol est alors connu
depuis plus d'un millénaire en Mésopotamie. C'est le puits à balancier,
où un contrepoids facilite l'ascension du seau. Il est attesté également
en Égypte durant la période correspondant aux seconds palais, alors
qu'existent justement des relations commerciales avec la Crète.
Cette intense activité hydraulique pourrait aussi être liée à une
lente détérioration du climat en Crète, ayant débuté deux mille ans plus
tôt. Des études suggèrent en effet que les étés sont devenus de plus en
plus secs. Les pluies calmes de l'hiver se seraient progressivement
décalées au début de l'automne, devenant torrentielles, entraînant
érosion des pentes et manque d'eau pour la végétation au printemps. Dans
ces conditions, la vie sur les pentes de la montagne était peut-être
devenue de plus en plus difficile avec le temps.
Si cette hypothèse est correcte, alors le phénomène d'abandon des
sites d'altitude ne devrait pas être limité à la région de Malia. Tout
semble indiquer que c'est bien le cas. En règle générale, à l'arrivée
des seconds palais, il y a nettement moins de sites occupés dans les
zones d'altitude ou à relief accidenté, alors qu'ils se développent dans
les zones de plaine (ou dont le relief permet l'irrigation et
l'agriculture intensive).
En outre, si les causes de ces déplacements étaient politiques, les
populations auraient normalement fini par revenir. Or ces sites de
montagne ne seront jamais réoccupés, ou alors bien après, plus d'un
millénaire plus tard.
C'est là tout le sel du débat scientifique : archéologue à
l'université de Louvain, Jan Driessen, bien qu'estimant le travail de
collègues qu'il connaît depuis longtemps, fait une lecture différente
des mêmes données archéologiques. Il trouve que les preuves d'une
éventuelle irrigation des plaines sont bien minces. Les puits ? Là pour
étancher la soif des hommes, pas celle du blé ou de l'olivier.
D'ailleurs, ils sont souvent à l'intérieur des villes, pas en lisière
des champs. Le barrage de Choiromandres ou celui de Pseira ? Des cas
particuliers, construits par des habitants soumis à de très fortes
sécheresses dans des régions plus arides que les autres.
« Les puits connus sont en ville, répond Sylvie Müller Celka, du laboratoire Archéorient (Lyon), parce
que seuls les sites d'habitat ont été fouillés ! En prospection, nous
en avons repéré des centaines dans la campagne, dont certains encore en
fonction. Leur âge ne peut être précisé tant qu'on ne les aura pas
fouillés.». L'aridité particulière des régions à barrages
n'est pas démontrée selon elle. En revanche, elle convient que les
preuves d'une irrigation massive dans les plaines restent à découvrir.
L'équipe élabore actuellement de nouvelles stratégies de recherche pour y
parvenir (entre autres l'analyse des puits).
Quant à l'abandon des sites, il aurait plusieurs causes, selon Jan
Driessen. À Malia, il s'agirait plutôt de vases communicants : un site
situé sur la côte à quatre kilomètres du palais, Sissi,
aurait pris de plus en plus d'importance, ralliant les populations
locales. Il serait devenu l'un des lieux du pouvoir dans la région,
affaiblissant Malia. Cet été, Jan Driessen part justement avec son
équipe dégager à Sissi des vestiges, qui pourraient être ceux d'un
mini-palais. Pour Sylvie Müller Celka, l'importance de Sissi à l'époque
des seconds palais vient de la tendance générale qu'ont alors les
populations à se regrouper dans certains sites, qui grossissent donc en
conséquence. En outre, ajoute-t-elle, ces regroupements n'expliquent pas
pourquoi les populations n'abandonnent que les sites d'altitude à cette
époque.
Autre point soulevé par Jan Driessen : même avec une sécheresse plus
grande, il existe des sources dans ces montagnes qui pouvaient permettre
aux populations de continuer à vivre sur les pentes. « Ces massifs sont karstiques, répond Sylvie Müller Celka. Le
débit des sources, souvent sporadique, a sans doute été encore plus
limité par l'aridité grandissante. En outre, la région est sujette aux
séismes, qui peuvent facilement obstruer les galeries souterraines.
» Selon certains chercheurs, un important tremblement de terre serait à
l'origine de la destruction des premiers palais minoens vers 1700 av.
J.-C.
South America Moves Slowly Toward an EU Trade Deal
July 15, 2015 | 18:53 GMT
Mercosur,
the customs union consisting of Brazil, Argentina, Uruguay, Paraguay
and Venezuela, may soon heighten its efforts to craft a trade deal with
the European Union. Mercosur's next summit, to be held July 16-17 in the
Brazilian capital, comes amid increasing conflict within the bloc over
negotiating trade deals with external parties, particularly with the
European Union. However, the second half of the year could see greater
movement toward a free trade agreement between Mercosur and the European
Union, with Brazil playing a more active role in expanding Mercosur's
trade prospects and relationships.
Mercosur's
upcoming summit will include several notable components, but the most
controversial agenda item will be the discussion of increased
flexibility for Mercosur in negotiating free trade agreements with third
parties.
The topic has been a source of significant dispute among Mercosur member states, particularly in the context of negotiating a free trade agreement with the European Union.
The blocs — two of the four largest trade unions in the world — have
held free trade talks regularly since 2010. But not all Mercosur members
are aligned: Argentina is concerned that EU goods might undermine its
own domestic industry, while Uruguay is eager to expand its export markets
and has thus advocated accelerating negotiations. Mercosur law
stipulates that its members must negotiate any free trade deals as a
bloc rather than individually (except free trade deals with Mexico), so
such internal disagreements have hindered progress toward a deal with
the European Union. But Uruguay has pushed for a revision to the law,
favoring instead a two-speed process in negotiations with the European
Union that would allow some Mercosur members to proceed in trade talks
more quickly than others.
Nevertheless,
the expansion of trade with the European Union has clearly taken on
greater importance for Brazil and other members of Mercosur. Economic
growth in the region is slowing, and political change is coming in
Argentina. At the same time, the entire bloc feels a need to anticipate
any regulatory changes that may come with a potential Trans-Atlantic Trade and Investment Partnership agreement
between the European Union and the United States. Mercosur is thus
likely to spend the next few months actively pursuing an eventual trade
deal with the European Union.
Hace
justo cuatro meses, en marzo de 2015, un mes antes del día de las
elecciones en Israel, el primer ministro israelí Benjamin Netanyahu
viajó a Washington para pronunciar lo que se describió como el “discurso
de su vida”. El objetivo era convencer al Congreso estadounidense de
que no permitiera la firma de un acuerdo nuclear con Irán por suponer “una grave amenaza, no sólo para Israel sino también para la paz del mundo entero”, lo mismo que el régimen nazi hizo en su época.
Las noticias que llegaban el martes por la mañana desde Viena, anunciando un acuerdo entre
Irán y el grupo P5+1 (EEUU, Rusia, Reino Unido, Francia, China y
Alemania) podían por tanto significar que Netayanhu había fracasado en
lo que él mismo definió como su misión histórica: impedir este acuerdo
con el régimen islámico de Teherán que, según él, allanaría el camino
para un Irán nuclear en un futuro muy próximo.
Si Netanyahu se
cree lo que dijo en el Congreso de EEUU en el mes de marzo, puede que
sienta que Israel está ahora peligrosamente más cerca del Día del Juicio
Final, que un Irán nuclear podrá cumplir su sueño de borrar del mapa a
Israel. Debe ser un sentimiento muy escalofriante. Por otra parte, como
ha venido usando –y abusando- de la amenaza iraní como pretexto para
recoger votos entre el de por sí aterrado electorado israelí, el acuerdo
con Irán puede marcar una de sus derrotas políticas más amargas.
Cierta
o no, la amenaza iraní es una de las principales banderas –en ocasiones
la única- que Netanyahu ha estado ondeando desde que fue reelegido en
2009. En esta cuestión ha invertido no sólo sus habilidades políticas y
oratorias (algunos añadirían demagógicas). Según el ex primer ministro Ehud Olmert,
el gobierno de Netanyahu ha gastado 11.000 millones de shekels nuevos
(2.900 millones de dólares) en los preparativos militares para un
posible ataque contra las instalaciones nucleares de Irán.
En los comentarios que
hizo justo antes del anuncio del martes por la mañana, Netanyahu dio a
entender que hay aún una operación militar sobre la mesa, alegando que
no trataba de impedir un acuerdo con Irán sino evitar que consiguiera
fabricar armas nucleares. Pero una vez que todas las principales
potencias mundiales han aceptado el acuerdo, parecería una cosa de locos
que Israel se pusiera a actuar en solitario y enviara a su fuerza aérea
contra Irán, desafiando a toda la comunidad internacional.
Netanyahu
confía claramente aún en que podrá combatir el acuerdo con Irán en el
Congreso estadounidense. En el Senado es necesaria una mayoría de dos
tercios para derrotar el acuerdo. Netanyahu puede contar con sus amigos
republicanos, pero parece muy improbable que consiga convencer al menos a
trece demócratas para que se carguen un acuerdo con el que no sólo su
presidente está absolutamente comprometido, sino también la UE, Francia,
Gran Bretaña, China y Rusia. En cierto modo, se trata de Netanyahu y
sus amigos republicanos contra el mundo entero. Pocas veces se ha visto
tan aislado a Israel.
Pero el acuerdo alcanzado en Viena no es un
mero fracaso personal para Netanyahu. Supone una amenaza real para
Israel pero no precisamente a causa del programa nuclear de Irán. La
mayoría de los analistas israelíes adoptaron la posición de Netanyahu,
según la cual el acuerdo está lleno de agujeros e Irán tendrá no pocas
dificultades para superar todas las inspecciones internacionales. Otros
comentaristas se mostraron menos alarmistas. Pero todos coinciden en que
Irán es más fuerte tras el acuerdo que antes de él, y para ellos la
ecuación es simple: cuando Irán se fortalece, Israel se debilita.
Además
de la obvia cuestión nuclear, Israel centra sus temores en el
levantamiento de las sanciones a Irán. Según el discurso israelí, una
vez que las cuentas iraníes en el extranjero dejen de estar congeladas y
el comercio entre Irán y el mundo exterior vuelva a la normalidad, el
gobierno de Teherán tendrá entonces cientos de miles de millones de
dólares a su disposición para gastarlos en armas y en ayudar a
organizaciones militantes como Hizbolá, Hamas y otras.
Puede que
estos temores no estén infundados, pero los problemas de Israel son
incluso más profundos aún. El profesor Eyal Zisser, uno de los más
destacados expertos de Israel en temas de Oriente Medio, lo expuso
abiertamente en una entrevista en el Canal II de la televisión de Israel
el martes. Por detrás de este acuerdo, dijo Zisser, lo que hay es el
entendimiento estadounidense de que Irán puede ser uno de sus socios en
Oriente Medio, que puede ayudarle en su búsqueda de estabilidad en la
región. En vez de considerarle como la fuente de todo mal, el régimen
iraní puede “aportar las cosas buenas” de que EEUU está tan necesitado:
desde estabilizar la situación en Iraq a bloquear los avances del Estado
Islámico por toda la región.
Irán, con el acuerdo con el grupo
P5+1 en la mano, puede sentirse razonablemente seguro frente a los
neoconservadores estadounidenses que siguen aún empeñados en forzar un
cambio de régimen en Teherán. Pero puede que el gobierno iraní tenga
muchas más cosas que celebrar que sólo esta impunidad de la
interferencia exterior en sus asuntos.
Netanyahu parece creer que
el actual torbellino en el Oriente Medio, con el auge del Estado
Islámico, puede ayudar a Israel a convencer a EEUU y a Europa de que es
el último bastión contra la toma de toda la región por la fuerza
militante. Sin embargo, puede que sea al revés. Israel no cuenta con
ventajas para combatir al EI ni para calmar la situación en Iraq o
Afganistán. Un Irán política y económicamente estable puede hacer el
trabajo mucho mejor. En tal escenario, Israel se convierte en una carga
más que en un valor.
No es necesario ser ningún experto para
entender que cuando de alguna forma Irán se convierta en socio de EEUU,
Israel va a quedar rebajado en tal condición. Esto no va a suceder, por
supuesto, de la noche a la mañana. Pero el mapa del campo geopolítico
puede cambiar mucho más velozmente de lo que Israel se imagina. Un
cambio histórico, como los medios de comunicación mundiales calificaron
el acuerdo firmado el martes por la mañana en Viena.
Meron
Rapoport es un periodista y escritor israelí. Ha ganado el Premio
Internacional al Periodismo de Nápoles por sus investigaciones acerca
del robo de olivos a sus propietarios palestinos. Fue director del
Departamento de Noticias de Haaretz. Ahora es un periodista
independiente.
Le scandale de corruption Petrobras qui agite depuis des mois le
Brésil a pris, jeudi 16 juillet, une nouvelle tournure. Au moment même
où l’on apprenait qu’un des délateurs de l’affaire accusait l’influent
président de la Chambre des députés Eduardo Cunha, membre du Parti du
mouvement démocratique brésilien (PMDB, pilier de la coalition au
pouvoir), d’avoir exigé 5 millions de dollars (4,5 millions d’euros) de
pots-de-vin, le parquet fédéral ouvrait une enquête contre Luiz Inacio
Lula da Silva pour trafic d’influence.
L’ancien chef d’Etat
(2003-2010) est accusé d’avoir intercédé auprès de dirigeants étrangers
en faveur du géant brésilien du BTP Odebrecht. La plus importante
société de construction-ingénierie d’Amérique latine, qui s’est vue
confier les grands chantiers des Jeux olympiques de Rio 2016, est
emportée dans la tourmente de l’affaire Petrobras depuis l’arrestation
en juin de son président Marcelo Odebrecht. Selon le parquet, le
conglomérat a piloté un cartel d’entreprises du bâtiment accusées de
s’être entendues sur des prix et d’avoir surfacturé des travaux
effectués pour la compagnie pétrolière nationale.
Cité depuis des
semaines par les médias brésiliens pour sa relation privilégiée avec la
famille Odebrecht, l’ex-président Lula est aujourd’hui dans la ligne de
mire des enquêteurs pour avoir effectué un voyage en janvier 2013 à
Cuba, en République dominicaine et aux Etats-Unis en compagnie
d’Alexandrino Alencar, ex-directeur des relations institutionnelles
d’Odebrecht. Le vol, pris en charge par l’entreprise, avait été
étrangement enregistré avec la mention : « Passager principal : vol totalement secret. » Alexandrino Alencar a été arrêté en même temps que Marcelo Odebrecht.
L’enquête
a été ouverte le 8 juillet, après une démarche préliminaire sur les
activités de Lula, qui pour le moment ne sera pas appelé à témoigner, a
souligné le ministère public. Il précise toutefois que les projets
entrepris lors du voyage à Cuba auraient été financés grâce à un prêt
consenti par la BNDES, la banque publique de développement. Cette
institution dont les ressources rivalisent avec celles de la Banque
mondiale possède 17,24 % du capital de Petrobras.
Lorsque la
procureure Mirella de Carvalho Aguiar, chargée d’enquêter sur
l’ex-président, avait sollicité, en mai, des informations à Odebrecht,
la BNDES, l’Institut Lula et au ministère des affaires étrangères pour
l’ouverture d’une enquête, le géant du BTP avait défendu l’action de
l’ancien chef d’Etat en affirmant qu’il s’agissait d’un moyen de « montrer le potentiel des entreprises brésiliennes ».
Lula se dit « tranquille »
Par la voix de son Institut, situé à Sao Paulo, Lula a affirmé qu’il avait reçu avec « surprise » la
décision du parquet fédéral. Il a ajouté qu’il allait expliquer et
détailler ses voyages. Son porte-parole a affirmé, de son côté, « être tranquille ». Il s’est toutefois étonné de la « rapidité » avec laquelle la décision judiciaire a été prise : « Nous
avons fourni toutes les informations demandées à la procureure le
week-end dernier et nous trouvons étrange qu’en si peu de temps elle ait
déjà analysé tout le matériel. » Dans une note publiée tard dans la soirée, l’Institut Lula ajoutait qu’il était clair que l’ex-président était
« la cible d’un ensemble de manipulations destinées à créer une gêne et
entacher, sous de faux prétextes, l’image du plus grand leader
populaire du pays ».
Déjà en 2013, la Folha de S.Paulo
avait révélé que la moitié des voyages de Lula après son départ de la
présidence avaient été financés par les trois grandes entreprises de
construction brésiliennes : Odebrecht, Camargo Corrêa et OAS.
L’ex-président aurait permis, selon des câbles diplomatiques publiés par
le quotidien pauliste, de vaincre certaines résistances rencontrées par
ces entreprises, notamment au Mozambique. Plusieurs hauts dirigeants
des trois groupes sont poursuivis depuis la fin 2014 pour leur
implication présumée dans le scandale Petrobras.