À PROPOS DES ATTAQUES SYSTÉMATIQUES CONTRE LA PRESSE EN ÉQUATEUR, CUBA, VÉNÉZUÉLA, ARGENTINE, BOLIVIE, NICARAGUA, ETC.
UN MANIFESTE INÉDIT D´ ALBERT CAMUS SUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
(Publié en exclusivité par “LE MONDE INTERNATIONAL” du 18/03/2012)
VERSION ESPAÑOLA
http://cultura.elpais.com/cultura/2012/03/16/actualidad/1331915071_426010.html
(Publié en exclusivité par “LE MONDE INTERNATIONAL” du 18/03/2012)
VERSION ESPAÑOLA
http://cultura.elpais.com/cultura/2012/03/16/actualidad/1331915071_426010.html
Le
manifeste que nous publions a été rédigé par Albert Camus (1913-1960)
près de trois mois après le début de la seconde guerre mondiale. Il a
alors 26 ans. Non signé, le texte est authentifié. Il est aussi
d'actualité. Il pourrait tenir lieu de bréviaire à tous les journalistes
et patrons de journaux qui aspirent à maintenir la liberté d'expression
dans un pays en guerre ou soumis à la dictature, là où le patriotisme
verrouille l'information. " Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu'un esprit un peu propre accepte d'être malhonnête ", écrit Camus, pour qui résister, c'est d'abord ne pas consentir au mensonge. Il ajoute : " Un journal libre se mesure autant à ce qu'il dit qu'à ce qu'il ne dit pas. "
Cet article de Camus devait paraître le 25 novembre 1939 dans Le Soir républicain,
une feuille d'information quotidienne vendue uniquement à Alger, dont
Camus était le rédacteur en chef et quasiment l'unique collaborateur
avec Pascal Pia. Mais l'article a été censuré. En Algérie, sa terre
natale, qu'il n'a, à l'époque, jamais quittée hormis pour de brèves
vacances, Camus jouit d'un petit renom. Il a déjà écrit L'Envers et l'Endroit (1937) et Noces (mai
1939). Il a milité au Parti communiste pour promouvoir l'égalité des
droits entre Arabes et Européens, avant d'en être exclu à l'automne 1936
- il a consenti à cette exclusion, tant les reniements politiques du
parti l'écoeuraient.
Secrétaire de la maison de la culture à Alger, il a monté la première compagnie de théâtre de la ville, adapté Le Temps du mépris, de Malraux, et joué des classiques. Sa première pièce, Révolte dans les Asturies, coécrite
avec des amis, a été interdite par Augustin Rozis, le maire d'extrême
droite d'Alger. Le jeune Camus, orphelin d'un père mort en 1914, fils
d'une femme de ménage analphabète, fait de la littérature une
reconnaissance de dette. Fidélité au milieu dont il vient, devoir de
témoignage.
Pascal Pia, vieil ami d'André Malraux, l'a recruté en 1938 comme journaliste polyvalent pour Alger républicain, quotidien
qui entendait défendre les valeurs du Front populaire. Ce journal
tranchait avec les autres journaux d'Algérie, liés au pouvoir colonial
et relais d'une idéologie réactionnaire. Ainsi Camus a publié dans Alger républicain une série d'enquêtes qui ont fait grand bruit, la plus connue étant " Misère de la Kabylie ".
Camus
est pacifiste. Mais une fois la guerre déclarée, il veut s'engager. La
tuberculose dont il est atteint depuis ses 17 ans le prive des armes.
Alors il écrit avec frénésie. Dans Alger républicain puis dans Le Soir républicain,
qu'il lance le 15 septembre 1939, toujours avec Pascal Pia. Ces deux
journaux, comme tous ceux de France, sont soumis à la censure, décrétée
le 27 août. Par ses prises de position, son refus de verser dans la
haine aveugle, Camus dérange. L'équipe,
refusant de communiquer les articles avant la mise en page, préfère
paraître en laissant visibles, par des blancs, les textes amputés par la
censure. Au point que certains jours, Alger républicain et surtout Le Soir républicain sortent avec des colonnes vierges.
Moins
encore qu'en métropole, la censure ne fait pas dans la nuance. Elle
biffe ici, rature là. Quoi ? Des commentaires politiques, de longs
articles rédigés par Camus pour la rubrique qu'il a inventée, " Sous les
éclairages de guerre ", destinée à mettre en perspective le conflit qui
vient d'éclater, des citations de grands auteurs (Corneille, Diderot,
Voltaire, Hugo), des communiqués officiels que n'importe qui pouvait
pourtant entendre à la radio, des extraits d'articles publiés dans des
journaux de la métropole (Le Pays socialiste, La Bourgogne républicaine, Le Petit Parisien, le Petit Bleu, L'Aube)...
Ce
n'est jamais assez pour le chef des censeurs, le capitaine Lorit, qui
ajoute d'acerbes remarques sur le travail de ses subalternes lorsqu'ils
laissent passer des propos jugés inadmissibles. Comme cet article du 18
octobre, titré "Hitler et Staline". "Il y a là un manque de discernement très regrettable ",
écrit le capitaine. Ironie, trois jours plus tard, à Radio-Londres (en
langue française), les auditeurs peuvent entendre ceci : "La suppression de la vérité, dans toutes les nouvelles allemandes, est le signe caractéristique du régime nazi."
Le
24 novembre, Camus écrit ces lignes, qui seront censurées : "Un
journaliste anglais, aujourd'hui, peut encore être fier de son métier,
on le voit. Un journaliste français, même indépendant, ne peut pas ne
pas se sentir solidaire de la honte où l'on maintient la presse
française. A quand la bataille de l'Information en France ? " Même chose pour cet article fustigeant le sentiment de capitulation : "
Des gens croient qu'à certains moments les événements politiques
revêtent un caractère fatal, et suivent un cours irrésistible. Cette
conception du déterminisme social est excessive. Elle méconnaît ce point
essentiel : les événements politiques et sociaux sont humains, et par
conséquent, n'échappent pas au contrôle humain " (25 octobre).
Ailleurs,
sous le titre " Les marchands de mort ", il pointe la responsabilité
des fabricants d'armes et l'intérêt économique qu'ils tirent des
conflits. Il préconise " la nationalisation complète de l'industrie des armes "qui "
libérerait les gouvernements de l'influence de capitalistes
spécialement irresponsables, préoccupés uniquement de réaliser de gros
bénéfices " (21 novembre). Il n'oublie pas le sort des peuples colonisés en temps de guerre, dénonçant la " brutalisation " des minorités et les gouvernements qui "
persistent obstinément à opprimer ceux de leurs malheureux sujets qui
ont le nez comme il ne faut point l'avoir, ou qui parlent une langue
qu'il ne faut point parler ".
Bien
que les menaces de suspension de leur journal se précisent, Albert
Camus et Pascal Pia ne plient pas. Mieux, ils se révoltent. Pascal Pia
adresse une lettre à M. Lorit où il se désole queLe Soir républicain soit traité comme " hors la loi " alors
qu'il n'a fait l'objet d'aucun décret en ce sens. Parfois le tandem
s'amuse des coups de ciseaux. Pascal Pia racontera que Camus, avec
malice, fit remarquer à l'officier de réserve qui venait de caviarder un
passage de La Guerre de Troie n'aura pas lieu qu'il était irrespectueux de faire taire Jean Giraudoux, commissaire à l'information du gouvernement français...
Le Soir républicain est
interdit le 10 janvier 1940, après 117 numéros, sur ordre du gouverneur
d'Alger. Camus est au chômage. Les éventuels employeurs sont dissuadés
de l'embaucher à la suite de pressions politiques. Tricard, le
journaliste décide de gagner Paris, où Pascal Pia lui a trouvé un poste
de secrétaire de rédaction à Paris Soir.
La veille de son départ, en mars 1940, il est convoqué par un
commissaire de police, qui le morigène et énumère les griefs accumulés
contre lui.
L'article
que nous publions, ainsi que les extraits cités ci-dessus, ont été
exhumés aux Archives d'outre-mer, à Aix-en-Provence. Ces écrits, datant
de 1939 et 1940, ont été censurés par les autorités coloniales. Ils
n'ont pas été mis au jour par les spécialistes qui se sont penchés sur
l'oeuvre de Camus. Notamment Olivier Todd, à qui on doit la biographie Albert Camus, une vie (Gallimard 1996). Ni dansFragments d'un combat 1938-1940(Gallimard,
" Cahiers Albert Camus " n° 3, 1978), de Jacqueline Lévy-Valensi et
André Abbou, qui réunit des articles publiés par Camus alors qu'il
habitait en Algérie.
C'est en dépouillant carton par carton que nous avons découvert les articles manquants d'Alger républicain et du Soir républicaindans
les rapports de censure. Car cette dernière a pour qualité d'être une
greffière rigoureuse. De même que les services des renseignements
généraux, qui notent tous les faits et gestes des individus qu'ils
surveillent - ce fut le cas d'Albert Camus en Algérie. C'est ainsi
qu'ont surgi, sous nos yeux, les mots, les phrases, les passages et même
les articles entiers qui n'avaient pas l'heur de plaire aux officiers
chargés d'examiner les morasses des pages des journaux.
" Ces archives-là n'ont pas été utilisées ", confirme le spécialiste Jeanyves Guérin, qui a dirigé leDictionnaire Albert Camus (Robert Laffont, coll. " Bouquins ", 2009). Même confirmation d'Agnès Spiquel, présidente de la Société des études camusiennes.
Dans l'inédit publié ici, Camus considère que " la vertu de l'homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie ". DansL'Homme révolté, il ne dit pas autre chose, estimant que la révolte, " c'est l'effort pour imposer l'Homme en face de ce qui le nie ".
"
Les quatre commandements du journaliste libre ", à savoir la lucidité,
l'ironie, le refus et l'obstination, sont les thèmes majeurs qui
traversent son oeuvre romanesque, autant qu'ils structurent sa réflexion
philosophique. Comme le football puis le théâtre, le journalisme a été
pour Camus une communauté humaine où il s'épanouissait, une école de vie
et de morale. Il y voyait de la noblesse. Il fut d'ailleurs une des
plus belles voix de cette profession, contribuant à dessiner les
contours d'une rigoureuse déontologie.
C'est
aux lecteurs algériens que Camus a d'abord expliqué les devoirs de
clairvoyance et de prudence qui incombent au journaliste, contre la
propagande et le " bourrage de crâne ". ACombat,
où Pascal Pia, son mentor dans le métier, fait appel à lui en 1944,
Camus poursuit sa charte de l'information, garante de la démocratie pour
peu qu'elle soit " libérée " de l'argent : "
Informer bien au lieu d'informer vite, préciser le sens de chaque
nouvelle par un commentaire approprié, instaurer un journalisme critique
et, en toutes choses, ne pas admettre que la politique l'emporte sur la
morale ni que celle-ci tombe dans le moralisme. "
En 1951, il laisse percer sa déception dans un entretien donné à Caliban, la revue de Jean Daniel : "
Une société qui supporte d'être distraite par une presse déshonorée et
par un millier d'amuseurs cyniques (...) court à l'esclavage malgré les
protestations de ceux-là mêmes qui contribuent à sa dégradation. "
Macha Séry
Le manifeste censuré de Camus
En
1939, peu après le déclenchement de la guerre, et alors que la presse
est déjà souvent censurée, l'écrivain veut publier dans le journal qu'il
dirige à Alger un texte vibrant qui invite les journalistes à rester
libres. Ce texte fut interdit de publication. Il est inédit. Et il reste
très actuel:
"Il
est difficile aujourd'hui d'évoquer la liberté de la presse sans être
taxé d'extravagance, accusé d'être Mata-Hari, de se voir convaincre
d'être le neveu de Staline.
Pourtant
cette liberté parmi d'autres n'est qu'un des visages de la liberté tout
court et l'on comprendra notre obstination à la défendre si l'on veut
bien admettre qu'il n'y a point d'autre façon de gagner réellement la
guerre.
Certes,
toute liberté a ses limites. Encore faut-il qu'elles soient librement
reconnues. Sur les obstacles qui sont apportés aujourd'hui à la liberté
de pensée, nous avons d'ailleurs dit tout ce que nous avons pu dire et
nous dirons encore, et à satiété, tout ce qu'il nous sera possible de
dire. En particulier, nous ne nous étonnerons jamais assez, le principe
de la censure une fois imposé, que la reproduction des textes publiés en
France et visés par les censeurs métropolitains soit interdite au Soir républicain - le journal, publié à Alger, dont Albert Camus était rédacteur en chef à l'époque - ,
par exemple. Le fait qu'à cet égard un journal dépend de l'humeur ou de
la compétence d'un homme démontre mieux qu'autre chose le degré
d'inconscience où nous sommes parvenus.
Un
des bons préceptes d'une philosophie digne de ce nom est de ne jamais
se répandre en lamentations inutiles en face d'un état de fait qui ne
peut plus être évité. La question en France n'est plus aujourd'hui de
savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher
comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut
rester libre. Le problème n'intéresse plus la collectivité. Il concerne
l'individu.
Et
justement ce qu'il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions
et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses
servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore
manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus,
l'ironie et l'obstination. La lucidité suppose la résistance aux
entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le monde de
notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre
elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments
évitée ou arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître
l'histoire des dernières années de la politique européenne pour être
certains que la guerre, quelle qu'elle soit, a des causes évidentes.
Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui
laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte
pour ce qu'il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le
cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou
provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.
En
face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également
d'opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas
qu'un esprit un peu propre accepte d'être malhonnête. Or, et pour peu
qu'on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de
s'assurer de l'authenticité d'une nouvelle. C'est à cela qu'un
journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s'il ne peut
dire tout ce qu'il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu'il ne
pense pas ou qu'il croit faux. Et c'est ainsi qu'un journal libre se
mesure autant à ce qu'il dit qu'à ce qu'il ne dit pas. Cette liberté
toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l'on sait
la maintenir. Car elle prépare l'avènement de la vraie liberté. En
conséquence, un journal indépendant donne l'origine de ses informations,
aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime
les invectives, pallie par des commentaires l'uniformisation des
informations et, en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses
forces. Cette mesure, si relative qu'elle soit, lui permet du moins de
refuser ce qu'aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter :
servir le mensonge.
Nous
en venons ainsi à l'ironie. On peut poser en principe qu'un esprit qui a
le goût et les moyens d'imposer la contrainte est imperméable à
l'ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu'un exemple parmi
d'autres, utiliser l'ironie socratique. Il reste donc que l'ironie
demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète
le refus en ce sens qu'elle permet, non plus de rejeter ce qui est
faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en
1939, ne se fait pas trop d'illusions sur l'intelligence de ceux qui
l'oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde l'homme. Une vérité
énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même
vérité dite plaisamment ne l'est que cinq fois sur dix. Cette
disposition figure assez exactement les possibilités de l'intelligence
humaine. Elle explique également que des journaux français comme Le Merleou Le Canard enchaîné puissent
publier régulièrement les courageux articles que l'on sait. Un
journaliste libre, en 1939, est donc nécessairement ironique, encore que
ce soit souvent à son corps défendant. Mais la vérité et la liberté
sont des maîtresses exigeantes puisqu'elles ont peu d'amants.
Cette
attitude d'esprit brièvement définie, il est évident qu'elle ne saurait
se soutenir efficacement sans un minimum d'obstination. Bien des
obstacles sont mis à la liberté d'expression. Ce ne sont pas les plus
sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les
suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l'effet
contraire à celui qu'on se propose. Mais il faut convenir qu'il est des
obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie
organisée, l'inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le
grand obstacle dont il faut triompher. L'obstination est ici vertu
cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au
service de l'objectivité et de la tolérance.
Voici
donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu'au sein de
la servitude. Et après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés.
Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout
ce qu'il croit vrai et juste, s'il voulait aider pour sa faible part au
maintien de la liberté, résister à l'abandon et faire connaître sa
volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens
profond du mot.
Oui,
c'est souvent à son corps défendant qu'un esprit libre de ce siècle
fait sentir son ironie. Que trouver de plaisant dans ce monde enflammé ?
Mais la vertu de l'homme est de se maintenir en face de tout ce qui le
nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans la double
expérience de 1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore
toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. Mais celles-ci ne
s'expriment que dans des coeurs déjà libres et dans les esprits encore
clairvoyants. Former ces coeurs et ces esprits, les réveiller plutôt,
c'est la tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l'homme
indépendant. Il faut s'y tenir sans voir plus avant. L'histoire tiendra
ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits.
Albert Camus
L'article
que nous publions devait paraître le 25 novembre 1939 dans " Le Soir
républicain ", un quotidien limité à une feuille recto verso que Camus
codirige à Alger. L'écrivain y définit ”les quatre
commandements du journaliste libre" : lucidité, refus,
ironie et obstination.
Notre collaboratrice Macha Séry a retrouvé ce
texte aux Archives nationales d'outre-mer, à Aix-en-Provence (Lire son texe plus haute). Camus dénonce ici la désinformation qui gangrène déjà
la France en 1939. Son manifeste va plus loin. Il est une réflexion sur
le journalisme en temps de guerre. Et, plus largement, sur le choix de
chacun, plus que celui de la collectivité, de se construire en homme
libre.
ULLSTEIN BILD / ROGER-VIOLLET