lunes, 26 de agosto de 2013

La Crise politique continue à Tunis


Dix mille personnes, selon les chiffres communiqués par la police, se sont retrouvées face à l'Assemblée constituante à Tunis, le 24 août.

A Tunis, l'opposition réclame la démission du gouvernement.

Le Monde.fr avec AFP | 25.08.2013 

Dix mille personnes, selon les chiffres communiqués par la police, se sont retrouvées samedi 24 août au soir à Tunis face à l'Assemblée constituante pour réclamer la démission du gouvernement dominé par les islamistes d'Ennahda. La manifestation – censée lancer une série d'actions appelée "semaine du départ" – n'a pas mobilisé autant que les deux grands rassemblements des 6 et 13 août, pour lesquels l'opposition avait fait état de plus de cent cinquante mille participants.

Le Front de salut national (FSN), coalition hétéroclite allant de l'extrême gauche au centre-droit, a prévu de multiplier les actions pacifiques à travers le pays tout au long de la semaine. "Il faut faire chuter ce gouvernement de la honte", a déclaré devant la foule le député Mongi Rahoui, dénonçant "les assassinats politiques, le terrorisme, le harcèlement des militants politiques et l'appauvrissement du peuple". 
La crise politique déclenchée le 25 juillet par l'assassinat du député Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance djihadiste, a poussé l'assemblée chargée d'élaborer la nouvelle Constitution à suspendre ses travaux. Le président d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a engagé des consultations avec la grande centrale syndicale, l'UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens), pour  négocier avec l'opposition laïque afin de trouver une sortie de crise.

Les partis d'opposition ont rejeté jusqu'à présent la mise en place d'un gouvernement de transition – dont le président d'Ennahda exige qu'il soit dirigé par un membre de son parti – chargé de conduire le pays à de nouvelles élections. Ils estiment que le régime a échoué sur le plan sécuritaire face à l'essor de la mouvance djihadiste, mais aussi dans le domaine économique, alors que les revendications sociales étaient au cœur de la révolution de janvier 2011.

Même si la Constituante n'est toujours pas parvenue, après vingt-deux mois de travail et deux ans et demi après la révolution de 2011, à rédiger une loi fondamentale consensuelle, les islamistes considèrent avoir la légitimité pour diriger le pays depuis l'élection de cette Assemblée. Plusieurs dirigeants d'Ennahda ont même avancé que les revendications de l'opposition s'apparentaient à une tentative "de coup d'Etat" modelée sur le renversement par l'armée égyptienne du président islamiste Mohamed Morsi.

Le précédent gouvernement dirigé par Ennahda était tombé après le meurtre de l'opposant Chokri Belaïd en février.