martes, 12 de noviembre de 2013

Les ultra-conservateurs toujours présents en Iran


NOUVELLES D´ IRAN - Un Blog de la Direction de “LE MONDE”


 
 La manifestation antiaméricaine lundi à Téhéran, à l'occasion de l'anniversaire de l'occupation de l'ambassade américaine en 1979

A Téhéran, démonstration de force des ultraconservateurs


A l'occasion du 34e anniversaire de l'occupation de l'ambassade américaine, en 1979, qui avait été suivie de la prise en otages, pendant 444 jours, de 52 diplomates américains, des milliers de manifestants se sont rassemblés, lundi 4 novembre, devant ce bâtiment de Téhéran devenu un musée, criant leur hostilité à l'égard des Américains.

Bien que cette date, baptisée "Journée nationale de la lutte contre l'impérialisme", donne chaque année lieu à un rassemblement semblable, celui de cette année a pris une toute autre signification du fait de la politique d'apaisement menée par le président Hassan Rohani.

La prise d'assaut de l'ambassade américaine, survenue peu après la révolution islamique en février 1979, avait causé la rupture de toutes les relations diplomatiques entre Washington et Téhéran. Pourtant, à l'occasion du voyage de M. Rohani à New York, en septembre, le président iranien et son homologue américain, Barack Obama, se sont entretenus au téléphone pour la première fois pendant une quinzaine de minutes. Depuis, les gestes d'ouverture se sont multipliés entre les deux pays, ennemis de longue date, suscitant la réaction hostile des plus conservateurs en Iran.

Le rassemblement de ce lundi pourrait dans ce contexte être considéré comme un avertissement de la part des plus radicaux du régime à l'attention du nouveau gouvernement. L'ampleur de ce rassemblement – les manifestants étaient plus nombreux qu'à l'ordinaire –  et l'écho qu'il va avoir dans la presse nationale et internationale pourraient peser sur le travail des diplomates iraniens chargés du dossier nucléaire, alors que des nouvelles négociations sont prévues à Genève, les 7 et 8 novembre.

Depuis quelques jours déjà, la presse iranienne spéculait sur la possibilité que les discours antiaméricains soient mis en sourdine. Ce débat a pris une nouvelle tournure après que les affiches antiaméricaines installées dans la capitale ont été retirées par la municipalité de Téhéran.


Mais la foule – jeunes écoliers comme Iraniens plus âgés – présente devant l'ancienne ambassade américaine a prouvé que les vielles habitudes et les traditions ont la peau dure. Les manifestants ont appelé, comme les années précédentes, à la "mort de l'Amérique", ainsi qu'à la destruction d'Israël. Ils brandissaient des pancartes couvertes de ces slogans, ainsi que des photos du Guide suprême iranien, Ali Khamenei. Des drapeaux américains ont été brûlés ainsi que des épouvantails censés représenter les Etats-Unis.




L'ancien chef des négociateurs nucléaires – et candidat malheureux à l'élection présidentielle de juin –, l'ultraconservateur Said Jalili, a été choisi pour prononcer le principal discours devant la foule. Il a été démis de ses fonctions par Hassan Rohani, puis nommé au Conseil de discernement par le Guide suprême.




Said Jalili en train de faire son discours devant la foule à Téhéran.


D'autres personnalités ultraconservatrices ont également été vues dans ce rassemblement, dont l'ancien parlementaire Gholam-Ali Haddad Adel, ainsi que plusieurs anciens responsables du gouvernement de l'ex-président Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) comme son ministre des sciences, Kamran Daneshdjoo. "La manifestation de cette année est plus grande et la plus glorieuse de ces dernières années. La population envoie ainsi un message à l'équipe chargée des négociations [nucléaires] pour qu'elle puisse défendre plus fermement les droits du peuple iranien", a-t-il soutenu.




Une exposition de photo a été également organisée en marge de la manifestation, consacrée aux crimes commis par les Etats-Unis. : l'aide au régime de Saddam Hussein pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988) ; la fourniture d'armes aux groupes terroristes agissant contre l'Iran ; l'attaque du vol 655 de la compagnie iranienne Iran Air, le 3 juillet 1988, qui avait fait 290 victimes civiles...

 http://keyhani.blog.lemonde.fr/files/2013/11/statue.jpg

Selon l'agence semi-officielle Fars, proche des gardiens de la révolution, qui a publié plusieurs reportages de la manifestation (ici et ici), la foule agitait également des maquettes grandeur nature de centrifugeuses, signe qu'"elle soutient le droit de l'Iran à enrichir l'uranium", écrit Fars.
D'autres manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays comme Mashhad (est), Rasht (nord) et Shiraz (sud-ouest).

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