Charlottesville : le documentaire glaçant de « Vice News » dans les rangs des suprémacistes américains
Les
journalistes ont suivi les leaders du rassemblement « Unite the
Right », pour qui les violences de samedi ne sont qu’un commencement.
LE MONDE
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Par Lina Rhrissi
Ce sont des images violentes, mais qui permettent de comprendre pourquoi les événements survenus à Charlottesville (Virginie), samedi 12 août, sont au cœur de la vie politique américaine depuis quelques jours. Le documentaire Charlottesville : Race and Terror, de Vice News Today, diffusé lundi sur la chaîne HBO, a été vu plus de vingt millions de fois sur Facebook et deux millions de fois sur YouTube.
Le documentaire est à regarder ci-dessous en anglais, et disponible avec des sous-titres en français sur le site de Vice. Attention, certaines images sont choquantes.
Elle Reeve est parvenue à suivre plusieurs acteurs du rassemblement
« Unite the Right » de Charlottesville : le porte-parole de la
manifestation et nationaliste blanc Christopher Cantwell, le néonazi et
fondateur du site The Daily Stormer, Robert Ray, surnommé « Azzmador », ou encore l’ancien dirigeant du Ku Klux Klan, David Duke.
Le documentaire s’ouvre sur des images de néonazis tenant des torches en scandant « Jews will not replace us ! » (« les juifs ne nous remplaceront pas »). Ils font face à des manifestants antiracistes répétant « No nazi ! No KKK ! No fascist USA ! » Des membres de l’extrême droite, suréquipés et munis de casques et de boucliers, frappent leurs opposants non armés à coups de bâton.
Si les manifestants de l’« alt-right », le nouvel avatar de l’extrême droite américaine, ont pris comme prétexte leur opposition au retrait de la statue de Robert Lee (1807-1870), un général confédéré, leur véritable objectif était de faire une démonstration de force.
« Un bon point pour nous »
Longtemps cantonnés à l’activisme virtuel par des mèmes, comme Pepe the Frog, les suprémacistes blancs étaient à Charlottesville pour montrer qu’ils « sortent de l’Internet avec force », affirme Robert Ray dans le documentaire.
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Ils évoquent également leurs méthodes, inspirées des partis d’extrême droite européens, comme Aube dorée, en Grèce, ou le Mouvement de résistance nordique, en Suède, détaille le suprémaciste blanc Matthew Heimbach. Mais aussi de l’activisme de la gauche radicale, dont il reconnaît admirer « la camaraderie et le niveau de confiance ».
« Je pense qu’on a montré à nos rivaux qu’on ne se laissera pas intimider. »
Christopher Cantwell est le protagoniste principal du documentaire. Celui qui voudrait un président « bien plus raciste » que Donald Trump, à qui il reproche d’avoir « donné sa fille à un juif », est le fondateur de l’Agenda Radical, une web-émission aux tendances fascistes qu’il tourne dans son studio du New Hampshire.
A la fin du reportage, Elle Reeve le rencontre dans sa chambre d’hôtel, le lendemain du drame de Charlottesville. Le suprémaciste montre ses quatre armes à feu, dont une Kalachnikov, avant de déclarer que le rassemblement a été un succès. « Le fait que personne ne soit mort de notre côté est un bon point pour nous. » Et quand la journaliste lui demande si le meurtre de la jeune fille était justifié, il répond : « Ça va être difficile de faire mieux [que samedi]. Je pense que beaucoup plus de gens vont mourir. »