Amnistie pour Sakineh, l’Iranienne condamnée à la lapidation
18 mars 2014
Blog du Monde “Nouvelles d´Iran”
Le cauchemar de Sakineh Mohammadi Ashtiani, l'Iranienne qui s'est fait connaître à la fin des années 2000 pour avoir été condamnée à la lapidation pour adultère, a pris fin ce mardi 18 mars, après huit années passées en prison. La nouvelle a été annoncée par le secrétaire général du Haut conseil iranien pour les droits de l'homme, Mohammad-Javad Larijani, lors d'une conférence de presse à Téhéran, qui évoquait "son comportement positif en prison", comme la principal raison de cette décision de la justice iranienne.
Condamnée en 2006 pour ses "relations extraconjugales" avec deux hommes après la mort de son mari, cette Iranienne de 47 ans a été condamnée à 99 coups de fouet. Quelques mois après sa condamnation et au cours du jugement du présumé meurtrier de son mari, cette originaire de Tabriz, ville au nord-ouest de l'Iran, a été accusée d'adultère avec l'accusé. Elle a plaidé coupable et a été condamnée, à ce titre, à la lapidation, ainsi qu'à dix ans de prison pour "complicité dans le meurtre de son mari". Ses peines ont été confirmées en mai 2007.
Sakineh Mohammadi Ashtiani est ainsi devenue, à la fin des années 2000, l'ultime victime de l'Etat "archaïque" et "obscurantiste" pour ses fervents détracteurs dans le monde entier. Sa condamnation à la lapidation a provoqué un grand tollé médiatique international. La campagne en faveur de sa libération avait été notamment soutenue par Bernard-Henri Lévy en France.
De son côté, le pouvoir iranien n'a eu de cesse de dénoncer "l'ingérence" des Occidentaux et des médias qui instrumentalisaient l'affaire de Sakineh Mohammadi Ashtiani.
Face à cette mobilisation internationale, les autorités iraniennes ont annoncé, en juillet 2010, par la voix de l'ambassade d'Iran à Londres, la suspension de sa peine de lapidation. Or, certaines autorités judiciaires ont laissé planer le doute quant à une possible transformation de la lapidation en pendaison. La déclaration de ce mardi de M. Larijani a ainsi fait disparaître ce risque.
"Sur la scène internationale, ils ont fait beaucoup de bruit à propos de ce dossier. Mais nous n'y avons pas fait attention. Nous avons obtenu le pardon de la famille de la victime, s'est ainsi félicité M. Larijani. Sa peine a donc été ramenée à dix ans de prison. Et elle a été graciée en raison de son comportement positif en prison."
M. Larijani, a également reconnu que si cette affaire a pris une telle dimension, c'était, en partie, à cause d'une mauvaise communication des autorités iraniennes.
Le premier avocat de Sakineh Mohammadi Ashtiani, Mohammad Mostafavi, s'est exilé en 2010 en Norvège, évoquant les représailles dont sa famille et lui ont fait l'objet. Son deuxième avocat, Javid Houtan Kia a été arrêté en octobre 2010 alors qu'il donnait un entretien à deux journalistes allemand de l'hebdomadaire Bild am Sonntag, en compagnie du fils de la prisonnière. Condamné à six ans de prison, Javid Houtan Kia a été libéré de la prison de Tabriz à l'été 2013, après avoir purgé la moitié de sa peine.
La nouvelle de l'amnistie de Sakineh Mohammadi Ashtiani tombe à l'heure où reprennent, à Vienne, les négociations entre Occidentaux et Iraniens sur le dossier nucléaire de Téhéran.
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