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“Nouvelles d´Iran”
A Téhéran, rafle dans les milieux des cyberactivistes
Un rappeur de la scène underground, célèbre sous le nom de scène Amir
Tataloo a été arrêté mardi 3 décembre. Le chef de la police des mœurs,
le général Masoud Zahedian, a confirmé la nouvelle de cette arrestation
dans un entretien accordé à l'agence officielle Isna,
mardi 3 décembre, ajoutant que la police allait désormais se charger
des chanteurs underground qui produisaient des œuvres et qui les
envoyaient "pour diffusion à des chaînes satellitaires", diffusées depuis l'étranger et interdites en Iran. "La télévision et la radio [nationales]
et le ministère de la culture et de l'orientation islamique ont fait le
nécessaire pour que les artistes puissent travailler. De fait, ceux qui
travaillent clandestinement doivent se soumettre au cadre légal défini
pour l'art égal", a déclaré le général Zahedian.
Alors que la possession de paraboles est interdite et passible d'une
amende, des millions d'Iraniens en détiennent et regardent ces chaînes
satellitaires. Des dizaines de ces chaînes, diffusées en langue persane,
sont consacrées à la musique iranienne, produite par des expatriés
vivant aux Etats-Unis, en Europe ou ailleurs, ou par des Iraniens
travaillant clandestinement en Iran. Tous les musiciens qui veulent
sortir leurs albums ou se produire sur scène en Iran sont tenus de
demander l'autorisation du ministère de la culture et de l'orientation
islamique. Alors qu'existent en Iran de nombreux chanteurs underground,
la police procède parfois à des arrestations et les soumet à de
nombreuses intimidations.
"ATTEINTE A LA SECURITE NATIONALE"
Âgé de 30 ans, le chanteur Amir Tataloo, de son vrai nom Amir-Hossein
Maghsoudlou, produisait de la musique dans différents styles. Du rap au
pop en passant par le blues, il a également composé quelques morceaux
de jazz. Ce jeune iranien a quitté Téhéran en 2007 pour s'installer à
Dubaï.
Quelques années plus tard, il est retourné en Iran pour
poursuivre clandestinement ses activités. Son premier album, Sous le sous-sol,
a été enregistré en 2011, sans autorisation, et diffusé en ligne ou par
des chaînes satellitaires. Amir Tataloo peut se targuer aujourd'hui de
562 000 "amis" sur Facebook.
L'agence semi-officielle Fars, proche des gardiens de la révolution, a également annoncé l'arrestation de seize "cyberactivistes, liés aux étrangers"
par le service du renseignement des gardiens de la ville de Kerman,
dans le sud du pays. Selon cette agence, ils sont accusés d'avoir "porté atteinte à la sécurité nationale en ayant collaboré avec des réseaux étrangères", "développé des sites [internet]" et "produit du contenu pour des sites contre-révolutionnaires dans le but de renverser la République islamique", a déclaré le procureur adjoint de Kerman, Ahmad Ghorbani.
DE NOUVELLES ARRESTATIONS
Selon cette autorité, "les membres de cette bande entretenaient des liens étroits avec des éléments antirévolutionnaires à l'étranger" et avaient touché des fonds en provenance des chaînes d'informations occidentales.
Peu après l'annonce de ces interpellations, le site Narenji (orange),
hébergé en Iran et consacré aux nouvelles technologies et aux nouveaux
gadgets, a annoncé l'arrestation de sept de ses collaborateurs par les
gardiens de la révolution, dont trois femmes. "Certains auteurs et
personnels techniques de l'équipe Narenji ont été arrêtés pour des
raisons inconnues. Nous ne sommes pas en mesure de connaître leur lieu
de détention. La publication de nouveaux contenus sera suspendue jusqu'à
la prochaine annonce", pouvait-on lire mardi sur le site. Cette page n'est restée que quelques heures en ligne avant d'être retirée.
Le site Narenji, lancé en 2007 par quelques blogueurs, avait remporté
le prix du meilleur site d'information en 2010 lors du troisième
Festival des sites iraniens en 2010 et le prix du meilleur blog en
persan par Deutsche Welle [le service international de diffusion de
l’Allemagne diffuse des émissions de radio ainsi que des programmes de
télévision ] en 2012.
LINK: http://keyhani.blog.lemonde.fr/2013/12/05/a-teheran-rafle-dans-les-milieux-des-cyber-activistes/#xtor=RSS-32280322