Un ministre iranien reconnaît l’impuissance du régime à lutter contre les chaînes TV par satellite.
Du Blog ˝Nouvelles d´ Iran˝
Dans les années 1980, la possession de magnétoscope en Iran était
interdite et passible d'une amende. Cette interdiction s'est assouplie
au cours des années et a finalement disparu complètement. A la fin des
années 1990, un nouveau phénomène s'est répandu notamment chez les
classes aisées et moyennes. Il s'agissait des chaînes satellitaires,
accessibles par une simple parabole, dissimulable sur le toit d'immeuble
ou dans une chambre de la maison.
Là encore, des lois visant à dissuader la population de détenir une
parabole ont été adoptées. La police, chargée de veiller aux bonnes
mœurs de la société, organisait régulièrement des descentes dans les
maisons et confisquait les équipements dits "illégaux". Mais
les Iraniens, loin de renoncer à leurs séries américaines préférées ou à
leurs émissions politiques diffusées depuis l'étranger par des chaînes
en langue persane, se procuraient rapidement d'une nouvelle parabole.
Bien que ce jeu du chat et de la souris perdure depuis des années,
l'Etat iranien semble incapable de mener à bien sa bataille contre ce
qu'il appelle "l'invasion culturelle". Fait inédit : le ministre de la culture et de l'orientation islamique, Ali Janati, a enfin dit ce que tout le monde sait mais ne dit pas. Mardi, 17 décembre, il a confié dans un entretien à l'agence officielle Isna que "71% des habitants de Téhéran" regardaient "des chaînes de télévision par satellite".
"Les restrictions imposées afin d'empêcher les citoyens
d'utiliser les technologies de communication et les nouveaux médias
n'ont pas donné de résultats que cherchait le régime", a également fait valoir le ministre de la culture.
Quelques mois plus tôt, Ali Janatai avait déjà parlé d'inefficacité
des mesures entreprises contre les chaînes satellitaires, dont
l'utilisation des brouilleurs d'ondes et les rafles de la police. "Nous
devons chercher une solution et produire des contenus intéressants pour
que les gens arrêtent de regarder les télévisions étrangères ou de se
servir des médias étrangers", avait-il proposé.
Ali Janati est l'un des rares ministres du gouvernement du président
modéré Hassan Rohani à avoir un compte sur Facebook, alors que ce réseau
social est bloqué en Iran. Ce responsable iranien a, à de multiples
reprises, demandé que les sites et les réseaux sociaux deviennent
accessibles aux Iraniens. Il a également plaidé pour davantage de
tolérance de la part des "censeurs" – ces employés du ministère de la
culture qui lisent tous les livres avant publication pour s'assurer de
leur conformité à l'islam et aux règles en République islamique.
Ces positions plus libérales de la part de ce ministre ont d'ores et
déjà suscité de vives réactions négatives de la part des conservateurs,
qui le menacent même de convocation au Parlement ou d'un vote de
défiance.